Une rééducation cardiologique après la chirurgie cardiaque : pour qui, pourquoi ?

Pourquoi proposez vous une réadaptation cardio-vasculaire (RCV) après une chirurgie cardiaque ?

La RVC est proposée depuis de nombreuses années, dans les suites d’une chirurgie cardiaque. C’est une recommandation reconnue par les scientifiques qui permet à la fois d’améliorer les capacités physiques du patient, de détecter d’éventuelles complications post opératoires, et d’éduquer le patient sur sa maladie et ses facteurs de risque cardio-vasculaires.

Mais après une chirurgie cardiaque, n’est on pas trop fatigué pour entreprendre ce type de programme ?

Non, car les modalités de la prise en charge dépendent de l’état du patient. En pratique, il y a trois phases : la première est la phase précoce qui est débutée dès que le patient sort de réanimation. Son objectif principal est la reprise de la marche afin que le patient redevienne autonome. On associe souvent de la kinésithérapie respiratoire pour que le patient retrouve au plus vite ses capacités ventilatoires qui ont été diminuées temporairement de 20 à 30% par l’ouverture du sternum. La deuxième phase débute vers le septième jour, en fait elle débute dès que le patient est autonome ! Là ,on entreprend une évaluation des capacités physiques du patient tout en sachant que le patient vient d’être opéré et est donc encore « convalescent », et enfin la troisième phase qui permet une pérennisation de l’activité physique.

Comment évalue-t’on les capacités physiques d’un patient ?

Plusieurs intervenants participent à cette évaluation .L’infirmière va rechercher si le patient présente des douleurs qui l’empêchent de bouger convenablement. Pour les douleurs localisées le kinésithérapeute interviendra. Par exemple , après une chirurgie cardiaque , les épaules et la partie haute du dos peuvent être douloureux . Il suffit d’adapter le traitement antalgique et de pratiquer des massages de la région scapulaire et rapidement le patient est soulagé. Autre exemple, la chirurgie a pu réveiller « un vieux rhumatisme » là aussi un réajustement du traitement et des soins kinésithérapiques amélioreront les choses. Mais l’évaluation des capacités à l’effort se fait aussi grâce à un test d’effort pratiqué par un cardiologue qui connaît votre dossier médical et donc qui sait parfaitement quelle opération vous avez eue.

Mais faire un test d’effort si précocement après une chirurgie n’est ce pas dangereux ?

Non, car il ne s’agit pas d’un test d’effort difficile. Son objectif est de voir comment le patient se comporte pour des efforts minimes à modérés. Ce test n’est jamais épuisant. Par ailleurs il est toujours précédé d’une consultation cardiologique.

Si le chirurgien me propose une réadaptation cela veut-il dire que la chirurgie ne s’est pas aussi bien passée que prévue ?

Bien sur que non. L’équipe médicale des services de réadaptation travaille en étroite collaboration avec le chirurgien ce qui peut permettre au chirurgien d’avoir un suivi à distance. Par ailleurs, pour les patients vivant éloignés de leurs proches, la réadaptation peut être proposée en hospitalisation le temps que ce dernier récupère une autonomie satisfaisante notamment pour assurer les tâches de la vie quotidienne.

On peut suivre un programme de réadaptation tout en étant chez soi ?

Oui, cela s’appelle un programme ambulatoire. Le patient passe ½ ou 1 journée dans le service plusieurs fois par semaine. Le rythme des séances et le nombre total de séances sont fixés au premier entretien ce qui permet au patient de planifier son programme.

Que comprend exactement le programme ?

Il inclus une prise en charge multidisciplinaire qui associe un programme de réentraînement physique, un programme d’éducation thérapeutique et un suivi des cicatrices. Les intervenants sont nombreux : kinésithérapeutes, infirmières, diététiciennes, psychologues, cardiologues, tabacologues, et varient selon les besoins du patient et l’objectif fixé lors de la première consultation.

Que comprend le programme d’éducation thérapeutique ?

Ce programme comprend plusieurs niveaux. Le premier niveau s’intéresse au mode de vie du patient et à son « comportement de santé » lié à sa maladie. C’est par exemple le comportement alimentaire ou la lutte contre le tabagisme. En séance individuelle nous identifions avec le patient ce qu’il convient de corriger, puis nous mettons en place des moyens pour que le patient acquière une véritable formation .Le but final est d’arriver à un équilibre entre le mode de vie et la maladie .Le deuxième niveau concerne les actions d’éducation liées au traitement curatif ou préventif. C’est par exemple enseigner aux patients diabétiques des « gestes » à réaliser : contrôle de la glycémie, adaptation des doses… ou pour les patients sous anticoagulants la tenue du carnet de surveillance.

Pour les patients opérés du cœur et qui n’ont pas de facteurs de risque cardiovasculaires est ce vraiment utile ?

Très fréquemment, après ce type d’opération les patients lorsqu’ils rentrent au domicile on une multitude de « petites questions » notamment sur la reprise des activités professionnelles et sexuelles. La réadaptation est le moyen de répondre rapidement à ces questions. Par ailleurs, même si l’opération s’est déroulée parfaitement bien, il y a parfois des petites consignes à connaître. Par exemple, ne pas laisser traîner une fièvre inexpliquée lorsque l’on a une prothèse cardiaque.

Ce programme est-il pris en charge par la sécurité sociale ?

Oui, car lorsque l’on est opéré du cœur ou de l’aorte on bénéficie d’un régime qui permet une prise en charge à 100%. Il suffit d’aller voir son médecin référant pour qu’il en fasse la demande auprès de la caisse primaire d’assurance maladie. Pour les patients ambulatoires qui doivent rester dans le service toute la journée, le repas est inclus dans le forfait. car le déjeuner est un temps privilégié qui permet de faire le point sur les habitudes diététiques.

A quel moment fini le programme ?

En moyenne, un mois après l’opération .Il est classiquement clôturé par un deuxième test d’effort, qui permet d’évaluer l’amélioration des capacités physiques. En fin de programme l’ensemble du dossier de réadaptation est transféré aux médecins traitants et bien sur un double est envoyé à votre chirurgien.